Vécu d'une hospitalisation programmée

Nous arrivons à 7 heures à l'hôpital, notre fils Noé, 5 ans doit se faire opérer dans la journée : opération prévue depuis un mois. Comme il n'y a pas de chambre de libre pour notre petit garçon, il nous faut patienter dans la salle de jeux.

Vers 8 heures 30 les premiers enfants hospitalisés du service arrivent dans la salle de jeux. L'un deux est accompagné de sa maman qui lui dit qu'elle doit s'absenter mais qu'elle va rapidement revenir. Une fois partie, l'enfant reste prostré puis décide de rattraper sa maman. Il est ramené par une infirmière qui le pose sur un siège d'adulte, lui "colle" un jouet et s'en va. L'enfant semble perdu. Je verbalise alors la situation : "je comprends que tu sois triste : tu te sens perdu mais ne t'inquiète pas. Ta maman va revenir bientôt (...) en attendant tu peux jouer avec nous si tu veux". D'abord réticent, et après nous avoir longuement observé jouer, il a accepté de faire rouler les voitures en attendant le retour de sa maman.

A 13 heures 30, on est venu chercher Noé pour le descendre au bloc. A notre grande surprise, la pommade emla n'a pas été posée alors que Noé l'avait bien spécifié à la consultation de l'anesthésie car il avait gardé un mauvais souvenir du masque lors de ces précédentes opérations. Une infirmière nous a dit que c'est trop tard, sans explications ni excuses.

Arrivée devant le bloc, l'anesthésiste était très surprise de l'oubli car cela était écrit en rouge sur le dossier. J'ai ressenti cela comme une trahison pour mon fils à qui on avait promis qu'il n'aurait pas le masque. Heureusement l'anesthésiste a dit qu'il aurait un masque qui ne sentait pas mauvais, a essayé de le faire rire en jouant avec son doudou posé à coté lui.

Au réveil sa douleur intense a été très rapidement soulagée par l'infirmière adorable qui a tout verbalisé et une psychologue est venue nous parler afin de savoir si nous n'étions pas trop anxieux.

Ce témoignage pour redire combien il est important que enfant et ses parents se sentent accueillis dans de bonnes conditions, qu'on tienne compte des demandes de l'enfant hospitalisé et souvent anxieux, qu'on verbalise un départ d'un parent même furtif (un enfant n'a pas de notion de temps), un soin...

Éducatrice de jeunes enfants, je pense que les directeurs des hôpitaux devraient prendre conscience du rôle primordial de notre profession. Je souhaiterais vivement exercer mon métier dans un hôpital car il y a tant encore à faire mais il y a si peu de postes...

 

Annie C. maman et éducatrice de jeunes enfants, 2006