La certification des établissements, un levier pour changer les pratiques

Vous travaillez dans un établissement de santé et vous n’êtes pas satisfaits de certaines pratiques : par exemple, vous regrettez que l’évaluation de la douleur ne soit pas systématique, que les parents soient écartés lors des soins, vous trouvez que la douleur pourrait être mieux soulagée, les enfants mieux informés…
Le processus de certification des établissements de santé par la Haute Autorité de Santé (HAS) peut peut-être vous aider ! Voici les principaux critères en pédiatrie, sur lesquels vous pouvez vous appuyer pour améliorer vos pratiques : information des familles, prise en charge de la douleur, partenariat avec les parents.

 

 

En savoir plus sur la certification des établissements

La certification des établissements de santé est une démarche mise en place par la Haute Autorité de Santé (HAS) dans les hôpitaux et cliniques, sur l’ensemble du territoire français.

Les objectifs de la certification

  • la mise en place d'un système d'amélioration de la qualité et de la sécurité des soins,
  • l’atteinte d’un niveau de qualité sur des critères jugés essentiels et qualifiés de pratiques exigibles prioritaires,
  • le renforcement de l’information des patients et des usagers par la communication des résultats obtenus par les établissements.

La version de la procédure de certification en cours s’appelle la V2014. Elle s’appuie sur une approche par thématiques plutôt que par critères. Néanmoins le manuel de certification reste une base de travail et une correspondance a été établie entre les critères du manuel et les thématiques définies pour la procédure.

> voir les 20 thématiques et les critères correspondants
> Pour en savoir plus sur la certification, voir le site de la HAS, rubrique certification

Le manuel de certification

Le manuel de certification comprend 28 références. Certains critères font partie des « pratiques exigibles prioritaires » ou PEP, c’est-à-dire que des attentes particulières sont exprimées à leur propos et sont systématiquement étudiés par les experts visiteurs de façon standardisée afin d’être comparables aux autres établissements. La prise en charge de la douleur en fait partie.

La version du manuel de certification utilisée actuellement est la V2010 révisée en avril 2011 et janvier 2014.

> Voir le manuel V2010 révisé, à télécharger sur le site de la HAS

 

 

5 critères de certification qui peuvent vous aider

Tous les critères listés dans le manuel de certification ont pour vocation d’améliorer la qualité de la prise en charge des patients, mais voici une sélection de ceux les plus en lien avec les activités de SPARADRAP : information des familles, prise en charge de la douleur, partenariat avec les parents.

Pour chaque critère nous citons les extraits les plus explicites, qu’ils proviennent du préambule, des éléments d’appréciation « à prévoir » ou « à mettre en œuvre ».

Thématique « Droit des patients »

Critère 10d : Accueil et accompagnement de l’entourage

- Prévoir

Des modalités d’accueil et d’accompagnement de l’entourage sont définies.
Une organisation permet l’accueil et la présence en continu des parents des enfants hospitalisés.

 

- Mettre en œuvre

L’accès aux secteurs d’hospitalisation est facilité (horaires de visites, etc.) pour l’entourage.
L’entourage des patients bénéficie d’un accueil personnalisé et de soutien dans les situations qui le nécessitent.

 

Critère 11a - Information du patient sur son état de santé et les soins proposés

- Préambule

Les enfants notamment, doivent être destinataires d’une information adaptée sur leur diagnostic et leur prise en charge, en plus de l’information délivrée aux parents. Les entretiens doivent se dérouler dans des conditions appropriées (colloque singulier, lieu calme, temps suffisamment long spécifiquement dédié à la personne malade, attitude d’écoute, etc.).

Le dispositif d’information comporte « une information orale complétée, si besoin, par des supports écrits remis et expliqués au patient ».
L’accès possible pour le patient à des ressources d’information extérieures à la situation de soin (ex. : associations de patients, d’usagers, de bénévoles, espaces dédiés à l’information des patients, ressources Internet, etc.).

 

Thématique « Prise en charge de la douleur »

Correspond au critère 12a du manuel et fait partie des Pratiques Exigibles Prioritaires (PEP)

- Préambule

L’organisation de la prise en charge de la douleur doit veiller à mettre en œuvre les 4 axes du programme national de lutte contre la douleur

  • améliorer la prise en charge des douleurs des populations les plus vulnérables ;
  • améliorer la formation pratique initiale et continue des professionnels de santé ;
  • améliorer les modalités de traitement médicamenteux et d’utilisation des méthodes non pharmacologiques pour une prise en charge de qualité
  • structurer la filière de soins de la douleur, en particulier les douleurs chroniques dites rebelles
     

- Mettre en œuvre

Des formations/actions sont mises en œuvre dans les secteurs d’activité.
Les secteurs d’activité mettent en place l’éducation du patient à la prise en charge de la douleur.
La traçabilité des évaluations de la douleur dans le dossier du patient est assurée.
Les professionnels de santé s’assurent du soulagement de la douleur.
Des moyens d’évaluation de la douleur pour les patients non communicants (échelles d’hétéro-évaluation) sont mis à la disposition des professionnels.

 

Thématique « Parcours du patient »

Critère 19a : Population nécessitant une prise en charge particulière : les enfants et les adolescents

L’enfant est une personne en constant développement et il doit non seulement recevoir les soins adaptés à son état, mais aussi les recevoir dans des conditions et un environnement où son développement pourra se poursuivre et les conséquences psychologiques de l’hospitalisation être minimisées.
La prise en charge hospitalière des enfants et des adolescents nécessite avant tout que les professionnels et tous les intervenants soient formés aux spécificités de la prise en charge des enfants concernant l’accueil, l’information, la relation triangulaire parent-enfant-soignant, l’évaluation psychologique des conséquences de la maladie et de l’hospitalisation, la présence des proches, la prise en charge de la douleur, les besoins éducatifs et culturels.
Cette prise en charge des enfants et des adolescents doit se faire dans des lieux adaptés et dédiés dont l’aménagement tient compte de la pathologie et de l’âge des enfants.

La mise en œuvre d’une prise en charge respectueuse des besoins et des droits des enfants s’appuiera sur les principes énoncés dans la Convention internationale des droits de l’enfant, la Charte de l’enfant hospitalisé et ses commentaires ainsi que sur les préconisations des circulaires relatives à la prise en charge hospitalière des enfants et des adolescents (notamment circulaire n° 83-24 du 1er août 1983 relative à l’hospitalisation des enfants et la circulaire DGS/DH n° 132 du 16 mars 1988 “L’adolescent et l’hôpital, amélioration des conditions d’hospitalisation des adolescents”).

 

Un document spécifique sur la prise en charge des enfants et des adolescents

Sur ce critère la HAS a mis au point un document destiné à :

  • identifier des éléments de qualité spécifiques d’une prise en charge des enfants et des adolescents
  • sensibiliser et attirer l’attention des professionnels et des experts-visiteurs sur ces spécificités et fournir des indications pour en tenir compte.

Ce document donne enfin une place plus « officielle » à la charte européenne de l’enfant hospitalisé. 15 thématiques essentielles sont développées exposant les objectifs à atteindre et des préconisations.

A peine 30 pages, que nous vous conseillons de lire absolument !

> Télécharger le document sur le site de la HAS : "Enjeux et spécificités de la prise en charge des enfants et des adolescents en établissement de santé. Décembre 2011."

 

Critère : 23 a : L’éducation thérapeutique du patient

- Préambule

L’ETP concerne les maladies chroniques (diabète, asthme, insuffisance rénale, maladies cardio-vasculaires, schizophrénie, etc.) mais également les situations ou maladies de courte durée qui nécessitent une acquisition de compétences d'auto soins et d'adaptation, comme les suites complexes de chirurgie, les prises de traitement comportant des adaptations de doses, une surveillance spécifique, des changements d'habitude de vie, etc.
[…]
En tout état de cause, l’existence de programmes autorisés n’exonère pas les équipes soignantes des actions éducatives inhérentes à la dispensation de soins de qualité, respectueuses des besoins d’informations, de conseils et d’explications à propos de soins que les patients et les proches peuvent mettre en œuvre seuls à domicile ou dans leur lieu de vie (prise de médicaments, réalisation de soins simples, autosurveillance, précautions particulières, etc.)

 

 

Pourquoi et comment ces critères peuvent vous aider ?

Si votre hiérarchie est un peu réticente à entendre vos souhaits d’améliorations, connaître certains critères et en particulier le fait que la prise en charge de la douleur est une pratique exigible prioritaire (PEP) peut vous aider à mieux argumenter votre demande pour :

Obtenir une formation continue

  • sur la prise en charge de la douleur : utilisation de moyens antalgiques adaptés, utilisation de moyens non médicamenteux (hypno analgésie, distraction, toucher massage, technique peau à peau…), évaluation de la douleur : choix et utilisation d’outils d’hétéro ou d’autoévaluation pour améliorer la traçabilité de l’évaluation de la douleur dans le dossier de soins,
  • sur le partenariat avec les parents, l’accueil de la fratrie dans les services…
  • l’information par le jeu.

> Voir les formations proposées par SPARADRAP
 

Dégager du temps

  • pour assister à des congrès et des journée professionnelles sur ces thématiques (par exemple : la journée « La douleur de l’enfant : quelles réponses ? » organisée par l’association ATDE-Pédiadol, la journée du CNRD… ) ou en organiser au sein de votre établissement en collaboration avec le CLUD.
  • pour impulser des projets d’humanisation des soins : mettre au point des protocoles, réaliser un livret d’accueil du service, ou un règlement pour les parents, définir des critères d’attribution des chambres parents-enfants, fabriquer des poupées médicalisées pour informer les enfants, décorer les lieux, collaborer avec des réseaux, des associations de patients pour l’éducation thérapeutique…
  • pour réaliser des audits, des évaluations de vos pratiques professionnelles (EPP)
  • pour communiquer sur vos réalisations et initiatives et les valoriser : présentations orales, articles, participation à des prix....
     

Obtenir l’achat de documents, de matériel...

  • documents d’information adaptés pour les enfants ou les parents : livrets, guides, fiches posters, CD, livres, films…
    (voir notre boutique en ligne, ainsi que le site Ricochet sur la littérature de jeunesse)
  • matériel ludique et de puériculture pour l’aménagement des salles
  • jouets pour distraire les enfants pendant les soins (voir une liste de fournisseurs)
  • poupées, marionnettes pour l’information par le jeu
  • réglettes d’auto-évaluation de la douleur lien, garrots adaptés aux enfants (voir notre boutique en ligne)
  • supports de formation continue : livres, abonnements à des revues, films, DVD, CD-Rom…

 


Auteurs

Françoise Galland, directrice et co-fondatrice de SPARADRAP.
Avec la collaboration de Catherine Holzmann, psychologue et d'Elisabeth Gravier, puéricultrice.

 

Dossier créé en mars 2012. Mise à jour : octobre 2018