La santé des yeux de mon enfant

 

Comment se développe la vue de votre enfant ?

• À la naissance : la vision du nouveau-né est floue, de près comme de loin et son champ de vision est petit. Il voit en noir et blanc, c’est pourquoi il verra mieux les objets aux couleurs très contrastées.
   
• Entre 2 et 3 mois, le nourrisson développe sa vision des couleurs. Il est capable de fixer son regard et de suivre des yeux une personne ou un objet.
   
• Entre 3 et 9 mois, le bébé commence à voir en relief et à percevoir les détails.
   
• À 1 an, le bébé voit toujours flou, même si sa vision s’améliore et qu’il commence à coordonner sa vue et ses gestes.
   
• À 4 ans, la rétine des yeux est complètement développée, mais l’enfant voit encore flou.
   
• À 7 ans, l’enfant voit comme un adulte, mais ses yeux continuent de se développer jusqu’à ses 10 ans.

 

Prendre soin de la vue de votre enfant au quotidien

Le temps passé sur les écrans

On parle beaucoup des risques pour la vision liés aux écrans. Mais il serait plus juste de parler d’une diminution du temps passé à voir de loin, à la lumière naturelle, au profit du temps passé à voir de près, à l’intérieur, devant les écrans (ou les livres). En effet, la lumière naturelle favorise la libération de dopamine par la rétine qui agit en empêchant l’œil de s’allonger, donc de devenir myope (voir ci-dessous pour plus de précisions). Pour que la vision d’un enfant se développe normalement, il est donc important de favoriser les activités variées, en particulier à l’extérieur.

 

Recommandations pour favoriser le bon développement visuel de l’enfant :

- Éviter l’exposition aux écrans entre 0 et 2 ans.
- À partir de 2 ans, limiter l’exposition (pas plus d’une heure avec l’accompagnement d’un adulte).
- Vers 7 ans, augmenter petit à petit le temps d’écran sans dépasser 2 à 3 heures par jour.
- Garder une bonne distance de lecture (environ 35 cm de distance entre les yeux et la page ou l’écran).
- Faire des pauses régulières lorsqu’on est sur écran (par exemple : 10 minutes toutes les heures).
- Prévoir des activités à l’extérieur, si possible 2 heures par jour.

 

Les lunettes de soleil

Les yeux des enfants sont plus sensibles aux rayons ultraviolets (UV) que ceux des adultes. En effet, leurs pupilles sont plus dilatées et leur cristallin est quasi transparent : c’est pourquoi, il est indispensable de leur faire porter des lunettes de soleil dès le plus jeune âge.

Ces lunettes doivent comporter le sigle CE (garantie que les verres sont aux normes) et un indice de protection 3 ou 4. Il est préférable de les acheter chez un opticien plutôt que dans les magasins de vêtements ou d’objets de fantaisie.

 

Les bobos de l’œil

La conjonctivite est une inflammation de la membrane qui recouvre l’œil. Elle peut provoquer des démangeaisons, l’œil rouge ou larmoyant, la paupière collée par des sécrétions au réveil...

Une conjonctivite simple se guérit généralement en moins d’une semaine. Il suffit de nettoyer l’œil de votre enfant avec du sérum physiologique plusieurs fois par jour (en se lavant les mains avant et après).
Attention : chez le nouveau-né de moins d’un mois, la conjonctivite nécessite un traitement en urgence, consultez votre médecin.
> Voir aussi l’article de mpedia sur la conjonctivite

L’orgelet est une infection du bord de la paupière, à la racine d’un cil. Le bord de la paupière enfle, devient rouge, et cela peut être gênant.

Comme la conjonctivite, l’orgelet disparait le plus souvent au bout de 1 à 2 semaines. Vous pouvez nettoyer la paupière avec du sérum physiologique (sans percer l’abcès) ou apposer une compresse tiède plusieurs fois par jour pour aider à dégonfler l’orgelet et soulager votre enfant (en se lavant les mains avant et après).

Si la conjonctivite ou l’orgelet ne diminuent pas après une semaine, prenez rendez-vous chez le médecin traitant ou le pédiatre de votre enfant, qui pourra vous proposer un traitement adapté.

Dans d’autres cas, tels que la douleur (même si l’œil n’est pas rouge), le gonflement, un choc ou des éléments reçus dans l’œil (objets, mais aussi griffe, patte, bec, doigt…), une plaie à une paupière, un strabisme d’apparition soudaine… il faut appeler rapidement un ophtalmologiste : le personnel du secrétariat est formé à repérer les situations d’urgence et, si c’est nécessaire, l’ophtalmologiste vous recevra dans la journée.

En cas de projection dans l’œil d’un produit ménager ou autre, rincer immédiatement de préférence au sérum physiologique ou bien à l’eau courante (en tournant la tête de l’enfant pour éviter que le produit touche l’autre œil) et appeler le 15 (en précisant si possible le nom du produit).

 

Des signes qui doivent vous alerter

Selon l’âge de votre enfant, voici des signes qui doivent vous alerter et vous inciter à consulter :

• Chez le bébé : il ne réagit pas ou peu aux stimuli visuels, il ne fixe pas le regard (après 1 mois), il n’a pas le réflexe de cligner des yeux lorsqu’on approche un objet par exemple, il a un œil qui “tourne“ vers le nez ou l’oreille de temps en temps (après 3 mois) ou en permanence (quel que soit l’âge), il ne suit pas des yeux (après 4 mois), il n’attrape pas les objets (vers 4, 5 mois), son regard semble errer, vous repérez sur une photo un reflet blanc dans la pupille d’un de ses yeux…
   
• Chez l’enfant de 6 mois à 2 ans, en plus des signes précédents : il tombe très fréquemment, il se cogne souvent, plisse les yeux, semble être gêné par le soleil…
   
• Entre 2 et 5 ans, en plus des signes précédents : un retard dans l’acquisition de gestes précis (dessin, tracé des premières lettres), une lenteur dans ce qu’il fait, il se fatigue vite…
   
• Chez l’enfant plus grand : il lit ou regarde la télévision de très près, cligne des yeux, plisse les paupières, a des maux de tête fréquents, des difficultés d’apprentissage. Il peut aussi avoir une sensation de vertige en se relevant d’une position allongée.

 

Quand et qui consulter pour votre enfant ?

Lors des différents examens médicaux obligatoires pratiqués tout au long de la croissance, le médecin traitant surveille régulièrement la vue de votre enfant et note ses observations dans son carnet de santé. Il peut repérer certaines anomalies nécessitant une consultation chez l’ophtalmologiste.

Dès que vous repérez des signes d’alerte (listés ci-dessus), consultez rapidement le médecin qui suit votre enfant : il pourra confirmer ou non la nécessité de voir un spécialiste.

Si votre enfant est né prématuré ou si, dans votre famille, des personnes ont des antécédents (problèmes de vue, strabisme, pathologie de l’œil…) un bilan doit avoir lieu à 9 mois. Vous pouvez prendre directement rendez-vous chez un ophtalmologiste, vous n’avez pas besoin d’une prescription. Mais les délais d’attente peuvent être très longs… mieux vaut ne pas tarder à prendre rendez-vous.

Dans tous les cas, il est très important que votre enfant bénéficie d’un dépistage des troubles visuels avant l’âge de 3 ans chez son médecin traitant, à la PMI, à l’école, chez un ophtalmologiste ou un orthoptiste.

 

Quel professionnel consulter ?

Les professionnels de la vision ont chacun une mission précise.
> Pour en savoir plus vous pouvez consulter notre dossier « Les professionnels de la santé pour mon enfant »

Si, lors d’un dépistage, on vous a informé de la nécessité de consulter un ophtalmologiste mais que vous avez des difficultés à obtenir un rendez-vous dans un délai raisonnable, vous pouvez demander au médecin qui suit votre enfant une ordonnance pour consulter un orthoptiste. Celui-ci pourra réaliser la majorité des tests nécessaires et, selon l’urgence de la situation, vous aider à obtenir un rendez-vous rapidement chez un ophtalmologiste ou vous orienter vers un autre professionnel.

 

La consultation chez l’ophtalmologiste

Préparer la consultation

Les visites avec un simple bilan de la vision ne demandent pas une préparation spéciale. Pensez à apporter le carnet de santé de votre enfant de même que sa paire de lunettes s’il en porte pour lire.

> Pour expliquer à votre enfant le déroulement d’une visite, le guide « Je vais chez le docteur des yeux » est feuilletable en ligne et aussi disponible en version papier dans notre boutique.

 

 

 

 

S’il s’agit d’un bilan complet avec application de gouttes dans les yeux pendant le rendez-vous, vous devrez être présents pendant près d’une heure au cabinet médical et votre enfant risque de trouver le temps long. Pour l’aider à supporter cette attente, pensez à emporter des jeux, son doudou, sa tétine, et un en-cas si nécessaire.

Il est également possible que vous ayez à mettre les gouttes à votre enfant plusieurs jours à l’avance, à la maison. Cela signifie que les premiers tests ont déjà été réalisés. Le rendez-vous durera alors moins longtemps.

Dans les deux cas, les gouttes dilatent la pupille, ce qui empêche l’œil de s’adapter et trouble la vision (pendant quelques heures pour les gouttes utilisées lors du rendez-vous, pendant plusieurs jours pour les gouttes mises à la maison). Cela est désagréable pour votre enfant (il peut être irritable) et rend ses yeux très sensibles à la lumière (du soleil ou de l’éclairage de la maison).
Il faut donc les protéger avec des lunettes de soleil tout le temps que dure la dilatation. De plus, si votre enfant est en âge scolaire, il est préférable de faire les devoirs de classe avant le rendez-vous ou de prévoir ce rendez-vous pendant les vacances, dans la mesure du possible.

 

Comment aider votre enfant pendant la consultation ?

Votre enfant va recevoir de nombreuses consignes de la part du professionnel et devra répondre aux questions des tests qu’on lui fera passer. Il est important que vous n’interveniez pas, même s’il n’arrive pas toujours à répondre : il n’y a pas de “bonne” ou de “mauvaise” réponse. Les tests sont faits pour savoir ce que voit votre enfant et sont adaptés à son âge. Au contraire, rassurez-le en ayant une attitude détendue, en lui souriant… mais sans intervenir.

Si on vous demande de mettre des gouttes dans les yeux de votre enfant en salle d’attente, expliquez-lui avant que ce n’est pas douloureux mais que cela va piquer, un peu ”comme l’eau de la piscine“, pendant un petit instant. Précisez-lui aussi qu’il verra flou pendant le temps que le produit fera effet.

 

Les principaux défauts de la vision et leurs traitements

Quand l’œil voit bien, l’image se forme sur la rétine, l’image est nette :

 

L'hypermétropie : l’œil est trop court

 

La myopie : l’œil est trop long

 

L'astigmatie : l’œil n’est pas tout à fait rond

 

Votre enfant peut parfois être porteur de deux anomalies. Par exemple, on peut être hypermétrope et astigmate.  Ces anomalies de la vision sont assez courantes, elles peuvent être corrigées par le port de lunettes.

 

Le strabisme : les yeux ont un défaut d'alignement et sont mal coordonnés

Il existe plusieurs types de strabismes :

• Le strabisme convergent : un œil dévie vers l’intérieur et regarde le nez.
• Le strabisme divergent : un œil dévie vers l’extérieur et regarde en direction de la tempe.
• Le strabisme vertical : un œil dévie vers le haut ou vers le bas.

Ce trouble de la vision peut être constant ou survenir de temps en temps.

L’œil qui dévie ne développe pas correctement sa vision (notamment en 3 dimensions). On dit qu’il est « paresseux ».

 

Si votre enfant doit porter des lunettes

Lorsque les parents apprennent que leur enfant doit porter des lunettes, les réactions varient : de l’adhésion immédiate, à la peur que son enfant soit différent des autres, qu’on se moque de lui, que ce soit un “handicap”… C’est naturel. Mais quelle que soit votre première réaction, il est important d’aider votre enfant à accepter ses lunettes : gardez en tête qu’il s’agit d’un traitement qui lui permet de mieux voir et de développer ses capacités visuelles

Pour l’enfant jeune, mettre des lunettes c’est changer le regard qu’il porte sur lui quand il se regarde dans la glace. Certains enfants peuvent avoir du mal à se reconnaitre, il faut alors les y aider.

Par exemple, faites des photos de votre enfant avec ses lunettes et valorisez-les en lui montrant. Evoquez ses amis ou des personnalités qu’il aime qui portent eux aussi des lunettes…

Néanmoins, si votre enfant a un problème de vision important, il portera ses lunettes de correction sans problème puisque celles-ci lui permettent de mieux voir. Cela peut être plus difficile pour certains enfants, hypermétropes ou ayant un astigmatisme faible, car dans ce cas, le port de lunettes permet surtout de réduire la fatigue visuelle et d’éviter un risque de strabisme.

Selon les cas, votre enfant devra porter ses lunettes tout le temps, c’est-à-dire même pendant les récréations ou les activités sportives ou alors seulement en classe, pour la lecture, les écrans... C’est l’ophtalmologiste qui suit votre enfant qui vous donnera toutes les indications.

 

Chez l’opticien

Si vous le pouvez, choisissez un opticien qui dispose d’un large choix de montures pour enfants et qui pourra vous conseiller sur la forme la plus adaptée.

De nombreux opticiens proposent des offres pour 2 paires de lunettes : cela peut être utile d’avoir une paire de rechange, en cas d’oubli en classe par exemple ou si la paire principale est cassée.

Attention : votre enfant pourra choisir la couleur de ses lunettes, mais pas la forme, car elle doit respecter certains critères précis (être en plastique, les verres bien centrés au niveau des yeux…)

 

Bon à savoir :
Pour les enfants myopes ou hypermétropes qui pratiquent la natation très régulièrement, il est possible d’avoir des lunettes de piscine correctrices. Vous pouvez en faire la demande à votre opticien. En revanche, leur fabrication n’est pas remboursée par l’assurance maladie.

 

Si votre enfant doit porter un cache-œil

C’est le cas si votre enfant est traité pour un strabisme ou parce que l’un de ses yeux voit moins bien (amblyopie). Cacher l’œil qui voit bien oblige l’œil “moins fort” à travailler.  Le plus souvent, le cache-œil est utilisé en portant des lunettes correctrices (une autre technique consiste à porter des montures dont un des verres est dépoli). Il doit être porté tout le temps ou seulement à certains moments. Un suivi et des tests sont réalisés régulièrement chez l’orthoptiste.

Votre rôle est essentiel pour soutenir votre enfant et garantir l’efficacité du traitement.

Au début, certains enfants ont du mal à porter leur cache-œil. Si c’est le cas pour le vôtre, prenez le temps de bien lui expliquer les bénéfices sur sa vision et rappelez-lui que le traitement est temporaire. Pour éviter des négociations quotidiennes et épuisantes, vous pouvez lui dire que c’est un traitement, au même titre que les médicaments prescrits par le médecin quand il est malade, et que ce n’est pas négociable.

En revanche, proposez-lui de choisir le type de cache-œil qu’il souhaite (coloré, décoré avec des personnages qu’il aime ou avec des stickers autocollants…) et montrez-lui que d’autres enfants en portent aussi.

Passé ces moments difficiles, les enfants s’y adaptent bien : mettre le cache-œil peut devenir une routine (comme se laver les dents) et ils finissent par ne plus y faire attention.

Soutenir votre enfant demande un effort quotidien mais le résultat en vaut la peine ! Pour se motiver, il est utile de garder en tête les objectifs :

• Seul un traitement précoce (avant 5 ans) et bien suivi permet à la vue de votre enfant de se développer normalement et lui garantit une bonne vision des deux yeux.
   
• Cela va faciliter tous ses apprentissages, autant intellectuels (lecture, écriture…) que physiques (motricité, sport…).
   
• Après 5 ans, les traitements sont beaucoup moins efficaces et plus compliqués et la perte de vision risque d’être définitive.

 

 

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Auteurs

Rédaction : Caroline Ballée
Illustrations : Sandrine Herrenschmidt
Photos : Adobe Stock et Petra de Pixabay

Merci aux relecteurs de ce dossier : Rachel Aubert, Alexandra Beck, Myriam Blidi, Elisabeth Celestin, Dr Jean-Louis Chabernaud, Françoise Galland, Véronique Gaudisson, Dr Mitra Goberville, Dr Sandra Hénocq, Léa Normand, Juliette Roussel.

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_{Dossier créé en novembre 2023}

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